Orléans.
-- L'athlétique Club Orléanais compte depuis le 10 avril dernier
un champion et un vice champion de France dans ses rangs.
En
effet, à cette date, se sont déroulés à Meaux, les championnats
nationaux de force athlétique. Pascal Landré et Jean Luc Nioche
qui y participaient, se sont classés respectivement premier en poids
moyens (75 kg) et second en lourd-légers (90 kg) avec les performances
suivantes : 200 kg en flexion de jambes, 130 kg au développé-couché
et 297,5 kg (nouveau record de France) au soulevé de terre pour
Pascal Landré. Jean Luc Nioche a réalisé respectivement 235, 170
et 260 kg à ces mêmes exercices.
Made
in U.S.A
A
l'origine de l'haltérophilie qui n'était à ses débuts que des exercices
de force pure, la force athlétique nous revient des Etats-Unis sous
le nom de «powerlifting» comme l'avaient fait avant
elle le jogging ou le body-building mais même américanisé, un kilo
reste un kilo et, ajouté à d'autres sur une barre d'haltérophilie,
cela finit toujours par faire impression.
L'exemple
n'est pas nouveau d'une discipline partie à la conquête de l'Ouest
américain et qui revient transformé. Malgré de grands champions
tels Paul Anderson, l'haltérophilie n'a pas fait recette outre-atlantique.
Trop austère. Les meilleurs souleveurs de fonte se sont donc fondus
dans le moule isolationniste avec l'Hercule de la place. Une petite
touche incroyable mais vraie et les voilà devenus champions du monde
d'une spécialité qu'ils étaient les seules à pratiquer.
A
l'image de l'haltérophilie, la force athlétique est composée de
trois mouvements. Le premier, le développé-couché est connu de tous
ceux qui ont pratiqué la musculation. La flexion de jambes, tout
le monde connaît également mais plus sous le nom de «squat»,
le troisième exercice est moins courant. C'est le soulevé de terre.
Il suffit simplement de soulever une barre posée au sol mais sans
l'épauler. Comme l'haltérophilie, la force athlétique comporte dix
catégories de poids.
Mieux
que l'haltérophilie...
En
France, «de plus en plus de personnes délaissent l'haltérophilie
pour la force athlétique» devait nous dire Jean Luc Nioche
vice champion de France. «Cette discipline ne demande pas
beaucoup de technique alors que certains haltérophiles mettent dix
ans pour arriver à bien passer sur une barre sur leurs genoux lors
d'un arraché». Mais les différences ne semblent pas se limiter
à cela. Les deux Orléanais jugent la force athlétique plus complète.
«L'haltérophilie demande beaucoup plus de force dans les
jambes que dans dans les bras» selon Pascal Landré et Jean
Luc Nioche. Plus doués pour le powerlifting
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les deux
Orléanais, malgré quelques hésitations n'ont pas tardé à s'y adonner
d'autant que l'ouverture de la salle de la rue Pasteur à Orléans
permet la cohabitation de tout le monde, toutes les disciplines
sportives confondues.
La force
athétique n'existe en France que depuis trois ans venant des U-S-A.
via les pays scandinaves. La fédération n'est d'ailleurs pas reconnue
par le ministère, situation qui ne devrait pas s'éterniser. Officiellement,
elle compte 3000 licenciés, chiffre gonflé par les règlements qui
obligent les clubs à posséder cinq licenciés pour être affiliés.
Pour être crédible, la fédération fait un important effort de structuration,
instituant même le contrôle anti-doping lors des grandes compétitions.
Non reconnue, cette spécialité n'est donc pas subventionnée. Pour
cette raison, le champion de France Pascal Landré, qualifié pour
les championnats d'europe qui auront lieu à la fin du mois en Finlande,
a décidé de ne pas s'y rendre.
Une situation
d'autant plus regrettable que les performances de l'Orléanais le
classe à la sixième place européenne dans sa catégorie. Son principal
atout, le soulevé de terre. Avec 300 kg, il n'est pas très éloigné
du record d'Europe (312 kg) ni du record du monde (320 kg), performance
remarquable, même s'il est vrai que la concurrence est moins rude dans les petites catégories. Au niveau des supers-lourds
(110 à 120 kg) ou dans toutes catégories (+ de 125 kg), la France
est en retard avec un seul représentant à plus de 765 kg au total
des trois exercices contre 125 aux Etats-Unis ! Une Américaine à
même réussi 200 kg en flexion de jambes et 230 au soulevé
de terre. Le rêve américain !
Forts et
bêtes...
Même si
les deux orléanais appartiennent à un club culturiste, tous deux
s'en démarquent. «Nous n'avons pas de recherche plastique.
Ce qui nous intéresse, c'est la performance à l'état pure. Comme
un athlète qui essaie de gagner des secondes en demi-fond» .
«Nous n'avons pas besoin de nous regarder dans une glace
pour voir si on est fort», devait nous dire Jean Luc Nioche.
Celui-ci d'ailleurs à une formule toute trouvée pour définir ces
trois spécialités qui tout compte fait cohabitent bien, salle Charles
Rigoulot. «En haltérophilie, il faut être fort et souple.
En culturiste, beau et bête. En force athlétique, fort et bête».
Forts, les deux Orléanais le sont. suffisamment pour que nous ne
nous prononcions pas sur la seconde partie de leur définition.
Pascal
Landré : champion de France et recordman de France. Jean Luc Nioche
: deuxième au championnat de France.
D.LECOQ
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